Monsieur Nimportequi et moi
L’essence de Monsieur Nimportequi naît de la multiplicité des caractères qu’arbore un homme. Un homme qui en un soir et en un lieu est père de famille et chef d’entreprise, amoureux et offensé, politicien et citoyen, électeur et candidat.
J’avais au départ l’intention de faire de cet homme un personnage instable, nomade et presque sans statut qui permettrait de le situer.
Au milieu de la création, je me suis rendu compte que même la non-situation est une situation, et que l’instabilité de Monsieur Nimportequi lui donnait plus de stabilité.
Il m’a donc fallu le détruire pour lui donner un nouveau visage, qui permettrait à tous de voir en lui un voyageur qui circule sur l’autoroute de la dénonciation.
Pendant son voyage il change de vêtement et de responsabilité, en passant par l’instrument de son déplacement : le comédien qui le porte.
A force pour le comédien que je suis de le traîner ici et là, il est devenu un personnage cliché qui se vêt des masques de ma malpropreté pour montrer au grand jour ma difficulté à vivre avec les autres hommes.
Difficulté de me classer à gauche ou à droite, de me taire face à l’intouchabilité des plus forts.
Finalement c’est moi qui parle aux hommes que je trouve dans une salle, comme à une conférence.
Petit à petit, Monsieur Nimportequi dont j’ai pris la place vient se glisser en moi pour crier son ras-le-bol et contaminer ma conférence de sa conscience de citoyen.
Pendant tout le spectacle c’est au public que je parle, moi le conteur moderne sans conte qui fait appel à un certain monsieur qui arrive et me vole la vedette.
Les histoires de Monsieur Nimportequi sont un duel entre un personnage et un acteur. Duel à l’issue duquel l’acteur triomphe du personnage en prenant la parole pour parler de la situation sanitaire préoccupante ô combien dans son pays.